« Les étudiants les plus favorisés socialement se retrouvent dans les établissements les mieux financés et dotés pédagogiquement », constate Emmanuelle Picard, historienne des universités et professeure à l’École normale supérieure de Lyon. On s’en doutait un peu, mais il n’est pas inutile de le rappeler. En économie, on parle « d’effet Matthieu », lorsque, comme écrit dans la Bible, « on donnera à celui qui a, et il sera dans l'abondance, mais à celui qui n'a pas, on ôtera même ce qu'il a » (Matthieu 25:29).
Ce constat est à rapprocher de celui fait par Julia Cagé et Thomas Piketty, qui montrent dans leur Histoire du conflit politique. Élections et inégalités sociales en France, que « les territoires socialement les plus désavantagés se retrouvent (…) le plus souvent à recevoir des moyens publics plus réduits que les territoires les plus favorisés au niveau du primaire et du secondaire ». Ainsi, les enseignants contractuels, qui ne constituent que 10% du personnel enseignant des collèges des départements les plus riches, représentent la moitié des professeurs des collèges situés dans les départements les plus pauvres. Plus généralement, explique Cagétty, la rémunération moyenne des professeurs (primaires, collèges et lycées), en intégrant toutes les primes, est d'autant plus élevée que l'établissement compte peu d'élèves issus des classes sociales défavorisées.
Last but not least, on commence à voir que les élèves de terminale qui choisissent l’option maths complémentaires ou maths expertes sont en majorité des garçons issus de classes sociales favorisées. Or, ces choix judicieux leur ouvrent les portes des grandes écoles et des métiers les plus rémunérateurs.
La boucle est bouclée.

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