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Selon que vous serez puissant ou misérable, vous ferez des maths ou n’en ferez pas...

Interview quelque peu surréaliste de Magda Tomasini, directrice de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) du Ministère de l’Éducation, à propos de la responsabilité de la réforme Blanquer dans la baisse massive du nombre de bacheliers scientifiques, et de bachelières surtout.

Pour rappel, les effectifs des bacheliers scientifiques généraux ont chuté de près de moitié depuis la réforme, ne représentant en 2022 que 27% des bacheliers généraux contre environ la moitié en 2020. Si cette baisse touche tous les genres, elle est plus marquée chez les filles (-60% environ) que chez les garçons (-30% environ) : les filles représentaient 47,9% des bacheliers scientifiques en 2020 contre à peine 35,9% en 2022.

Face à ces données d'autant moins contestables qu'elles proviennent de ses propres services, Mme la directrice de la DEPP explique en substance :

  • que le nombre d'élèves de terminale générale qui suivent un enseignement de mathématiques est reparti à la hausse : c'est exact, la baisse par rapport à 2020 n'est plus que de 33% en 2023 contre 37% en 2022. A ce rythme, on peut espérer retrouver les effectifs d'avant la réforme Blanquer vers … 2030.

  • que si les filles sont effectivement moins nombreuses à obtenir un bac scientifique, le nombre d'entre elles qui suivent une filière post-bac scientifique d'excellence n'a guère évolué. C'est exact, mais s'explique surtout par le nombre déjà faible de filles en classes préparatoires aux grandes écoles scientifiques, qui reste stable.

  • que la réforme Blanquer n'est pour rien dans le regrettable désamour des filles envers les mathématiques, que l'on constate dès le CP, avec un discours ambigu qui regrette ce désamour tout en en prenant acte ;

  • que les choix d'orientations des lycéens et des lycéennes sont des choix personnels qui n'appartiennent qu'à leurs auteurs ;

  • qu'il existe cependant un « effet d'information » qui permet aux garçons des milieux favorisés de continuer à plébisciter les filières mathématiques au lycée, « dont ils savent qu'elles vont les conduire vers des cursus d'excellence ».

Pour résumer, on ne saurait attribuer à la réforme Blanquer la responsabilité du peu d'appétence des enfants (surtout les filles) des classes populaire et moyenne pour l'effort en général et les mathématiques en particulier, d'autant plus que dans le même contexte mais avec de meilleurs informations, les garçons des milieux très favorisés, eux, ne se trompent pas d'orientation...

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